Les restes de l'opposition de Deir ez-Zor : luttes internes et controverses au nord d'Alep
Depuis le début de son intervention directe en Syrie, la Turquie a lutté pour créer de la stabilité dans le nord d’Alep. Par écrit mi-2017, Aaron Stein et d’autres ont attribué ces difficultés au développement turc et au soutien à deux organes de sécurité elles-mêmes en conflit : Les forces de police locales nouvellement créées et celles de l’opposition militante existantes, tout comme les structures de gouvernance des conseils locaux étant tenues « subordonnées au contrôle politique turc, sapant leur capacité à représenter la population locale. »
Des luttes internes entre factions militantes concurrentes, parmi lesquelles plusieurs petits groupes originaires du nord-est de la Syrie fortement représentés, ont également fréquemment eu lieu.
Ces groupes sont Tajamo Ahrar al-Charkiya («Le rassemblement des hommes libres de l’Est»), Ahrar al-Charkiya («L’armée de l’Est»), et Tajamo Chouhada al-Charkiya («Le rassemblement des martyrs de l’Est»). Trois factions composées en majorité de combattants originaires du gouvernorat de Deir ez-Zor.
Comme c’est souvent le cas parmi les populations arabes de l’est de la Syrie, bon nombre de ces combattants proviennent de milieux tribaux. Cependant, on ne sait pas clairement à quel point cela joue un rôle au sein de ces groupes exilés dans le nord-ouest de la Syrie.
Ainsi la plus ancienne et probablement la plus grande faction, Ahrar al-Charkiya, s’est rendue célèbre depuis sa formation, en étant au centre d’incidents dont des menaces contre des forces spéciales américaines, une tentative de prosélytisme salafiste à Afrine ainsi que de nombreux crimes et allégations de violation des droits de l’homme.
Alors que ces groupes « Charkiya » existent sous le patronage turc et sont considérés comme des intermédiaires potentiellement décisifs dans les campagnes futures contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) à l’est de l’Euphrate, la controverse constante qui les entoure démontre que la Turquie manque de contrôle sur eux.
L’est de la Syrie, particulièrement dans la vallée de l’Euphrate, était un bastion de l’opposition au début de la guerre. Ceci étant lié à un certains nombre de facteurs, comme l’attention du régime tournée vers les villes et les côtes de l’Ouest de la Syrie ou l’isolation économique de la population locale à majorité sunnite, souvent conservatrice.
L’emplacement de la région en a fait un nœud géographique clé dans l’insurrection sunnite de la guerre en Irak et quand les combats contre le régime syrien ont éclaté fin 2011, beaucoup de ces réseaux islamistes se sont maintenus intacts. Comme dans d’autres parties de la Syrie, les groupes militants anti-Assad qui ont vu le jour à l’est étaient un amas informe de factions, allant des transfuges militaires syriens laïcs aux djihadistes alignés avec Al-Qaïda.
Cette dernière partie du spectre est parvenue à dominer l’opposition à Deir ez-Zor, notamment les groupes bien connus que sont Jabhat al-Nosra, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), Harakat Ahrar al-Cham al-Islamiyya et le groupe lié au saoudien Madkhali : Jabhat al-Asala wal-Tanmiya
Début 2014, alors qu’une guerre ouverte éclate entre l’État Islamique et les autres factions anti-Assad, le groupe djihadiste capture rapidement l’est, ne laissant d’autres choix aux militants de l’opposition que de se rendre, mourir, ou fuir.
Ceux qui ont fui se sont dirigés à l’ouest en traversant le désert vers les zones de Syrie détenues par l’opposition telle que Deraa, le Qalamoun et la Badiya (régions faiblement peuplées du nord et de l’est de Damas), ainsi que vers Idleb.
Deraa a attiré une grande partie du contingent de Jabhat al-Nosra, notamment Abu Maria al-Qahtani, natif d’Irak et membre du conseil de la Choura. Les fronts du Qalamoun et de la Badiya ont vu la création de nouvelles factions composées de nouveaux exilés de Deraa, tels que Jaysh Usud al-Charkiya. Les groupes établis localement ont également absorbé des combattants.
On en sait moins sur ceux qui ont fui vers Idleb, mais il semble que de nombreux militants appartenant à des factions nationales, comme Jabhat al-Nosra et Ahrar al-Cham, ont maintenu leur affiliation à leur arrivée.
La constitution de Tajamo Ahrar al-Charkiya a été officiellement annoncée par une vidéo en janvier 2016. Tournée dans le nord rural d’Alep, il comporte un court communiqué lu devant environ 50 combattants et six véhicules.
Une rumeur a longtemps circulé selon laquelle Abu Maria al-Qahtani, commandant de Jabhat al-Nosra, a été impliqué dans la création du groupe mais il semble qu’il n’y ait pas de preuve de lien direct. Ce qui est clair c’est qu’une grande partie du groupe et de ses chefs ont été membres de la faction extrémiste islamiste Ahrar al-Cham avant puis à la suite de la capture de l’est syrien par l’EIIL.
Beaucoup de combattants d’Ahrar al-Charkiya étaient des engagés de la première heure dans l’opposition de Deir ez-Zor, et au vu du rôle prééminent de Jabhat al-Nosra, il semble que ce groupe accueille d’anciens membres d’Al-Nosra ainsi que d’autres qui étaient en contact étroit avec Qahtani à l’époque
Ce qui a provoqué la scission au sein d’Ahrar al-Cham et la création d’une nouvelle faction n’est pas clair, toutefois, il est probable que les racines orientales du groupe les aient incités à se concentrer à l’époque sur la lutte contre l’État islamique dans le nord d’Alep.
Au début de son histoire, Ahrar al-Charkiya aurait maintenu une présence à Idleb, Lattaquié, et à l’ouest d’Alep, mais son activité semble avoir été finalement reléguée au nord d’Alep.
Après l’opération «Rameau d’olivier», pendant laquelle Ahrar al-Charkiya a d’abord combattu sur le front du nord-ouest, le groupe a été localisé principalement dans la ville d’Afrine, le sous-district de Rajo, ainsi qu’à al-Raî et al-Bab à l’est.
En novembre 2018 le service de presse d’Ahrar al-Charkiya a déclaré que le groupe était passé à 2000 combattants et en avait perdu 500 dans les combats contre l’État Islamique. Bien qu’ils se soient sans doute renforcés depuis, en particulier avec le soutien grandissant de la Turquie pour l’opposition au Nord d’Alep depuis le lancement de l’opération «Bouclier de l’Euphrate», des nombres aussi élevés ne peuvent être vérifiés via des publications en sources ouvertes.
On suppose généralement que les effectifs d’Ahrar al-Charkiya sont composés d’une centaine à un millier de combattants. Une partie de l’attrait du groupe est due à la perception de sa compétence au combat par rapport à d’autres groupes sur le terrain, en étant souvent le « fer de lance » des offensives rebelles.
Dans le cadre de l’initiative de l’Armée nationale syrienne soutenue par la Turquie, Ahrar al-Charkiya reçoit un soutien matériel de la Turquie. Ce soutien est constitué de petits armements et d’au moins un véhicule de transport de troupes utilisé lors de l’opération «Rameau d’olivier». Cependant contrairement à une poignée de groupes particulièrement proches de la Turquie, comme la division al-Hamza (Furqat al-Hamza), il semble jusqu’à tout récemment, qu’il y ait eu peu d’efforts pour normaliser et professionnaliser les uniformes et les équipements des combattants d’Ahrar al-Charkiya.
Le groupe n’a également pas reçu certaines armes lourdes et véhicules, tels que le Panthera F9, ni les nouveaux véhicules fabriqués par la Turquie que certains autres groupe ont obtenu depuis début 2018.
Contrairement à la division al-Hamza, qui possède un camion lance-roquettes multiples de type Grad MRLS, Ahrar al-Charkiya s’est filmé lui-même début mai 2019 tirant une roquette Grad avec un tube montée sur un tripode.
Une courte vidéo diffusée le 8 juin 2019, montrant un combattant d’Ahrar al-Charkiya utilisant ce qui semble être un missile guidé antichar de fabrication américaine au sud d’Idleb, implique que des stocks de cette arme sont encore en circulation dans le nord de la Syrie. Mais cela n’indique pas qu’il y a eu de nouvelles livraisons.
Malgré cela, les dirigeants du groupe semblent avoir de bons rapports avec la Turquie, le commandant Abu Hatem Shaqra a été invité à rencontrer le président Erdogan à la fin de l’offensive d’Afrine. En février 2019, Abu Hatem a posté une photo sur son compte Twitter personnel, le montrant recevant une récompense des forces de sécurité locales soutenues par la Turquie dans la ville de Rajo, dans la région d’Afrine.
Ahrar al-Charkiya avait d’abord acquis une large notoriété suite à un incident survenu le 16 septembre 2016 à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Deux vidéos ont été diffusées ce jour là venant de la ville de al-Raï. La première montre un convoi de la Brigade al-Moutasem (Liwa al-Mutasim), groupe local d’Alep, avec des membres des forces spéciales américaines embarqués avec eux. L’autre montre une foule de combattants rebelles protestant contre la présence américaine et dénonçant leurs alliés syriens, les qualifiant d’« agents américains », de « chiens », de « porcs » et de « membres d’une coalition chrétienne ».
Selon une déclaration du groupe publiée par la suite (version anglaise ici), sa principale objection à la présence américaine provient du soutien américain au PYD kurde, qu’Ahrar al-Charkiya accuse d’adopter « une stratégie pour détruire l’unité du territoire syrien ».
Cet incident a été largement médiatisé alors que les États-Unis étaient chassés de Syrie par l’opposition, et bien que ce ne soit pas une description exacte de ce qui s’est passé précisément ce jour-là à al-Raï, le soutien limité du département de la Défense américain à quelques groupes rebelles du nord d’Alep a pris fin peu après.
Le groupe a attiré à nouveau une attention massive en juin 2018 au sujet du lancement d’une campagne d’affichage à Afrine. Plusieurs affiches, collées dans quelques rues principales de la ville, exhortaient les femmes résidentes à suivre les interprétations hyperconservatrices du code vestimentaire islamique et étaient produites en conjonction avec l’organisation de prosélytisme salafiste basée à Idleb, Markaz Idha’aat.
Alors qu’à Idleb largement dominée par les djihadistes, il n’est pas rare de voir des femmes porter le niqab – de manière détournée en se couvrant de noir de la tête aux pieds – ce genre de tenue est beaucoup moins répandu dans le territoire du «Bouclier de l’Euphrate» et était presque inexistant à Afrine avant l’arrivée des déplacés venant des environs de Damas.
Après avoir provoqué un tollé, ces affiches ont été rapidement enlevées par les citoyens et la police locale, mais cet incident démontre que les penchants idéologiques radicaux d’Ahrar al-Charkiya ne se sont pas dissipés, bien qu’ils aient quitté le climat plus salafiste de Deir ez-Zor et Idleb.
De telles tendances au sein des membres du groupe se sont aussi manifestées à travers des chants (le combattant interviewé dans l’article en lien a été identifié comme un membre d’Ahrar al-Charkiya par l’auteur Louisa Loveluck) alignant leur lutte à Afrine sur le jihad global historique et proférant des menaces violentes contre « les Kurdes athées »
En dehors de ces deux incidents les membres d’Ahrar al-Charkiya ont été impliqués dans des dizaines de violentes disputes avec les factions du nord d’Alep ainsi qu’avec des civils locaux. Le plus notable fut un de ces affrontements internes, qui a eu lieu quelques jours après la capture d’Afrine, où les combats avec la division al-Hamza ont éclaté dans plusieurs endroits à travers le nord d’Alep, à cause de prétendus pillages. Des membres d’Ahrar al-Charkiya ont commis, et on été accusés d’avoir commis, de nombreux crimes et abus, tels que le pillage, le kidnapping, et le meurtre.
Des images et vidéos ont été postées par les médias officiels et leurs comptes affiliés sur les réseaux sociaux montrant des combattants ayant décapité des corps d’ennemis et commettant des exécutions sommaires.
Cette vidéo de septembre 2016 montre par exemple un membre du groupe exécutant un supposé combattant de l’EILL, alors qu’une autre vidéo de décembre 2017, détaillée dans ce rapport de l’agence de presse pro-opposition SMART, montre un civil accusé de soutenir les FDS (Forces démocratiques syriennes) soumis à la torture et exécuté.
On dispose de bien moins d’informations en ce qui concerne Jaych al-Charkiya. La constitution du groupe semble avoir été déclarée par un communiqué de presse (version anglaise ici), publié le 23 septembre 2017, qui présente ses membres comme natifs de Deir ez-Zor, Hassaké, et Raqqa et nomme le Major Hussein Hamadi comme son commandant.
Toutefois, un mois plus tôt, dans un document signé par un certain Major Hussein Abu Ali, il a été mentionné qu’un groupe portant le même nom avait formé un comité par intérim composé de leaders militaires et politiques venant des provinces de l’est.
Dans les jours suivant la communication officielle, Hussein Hamadi a été interviewé par l’agence de presse pro-opposition Nedaa. Hamadi déclara que les groupes avaient l’intention de retourner à Deir ez-Zor, proclama qu’ils étaient 1000 combattants et répertoria 15 factions représentées au sein de Jaysh al-Charkiya qui étaient à Deir ez-Zor avant 2014.
Si nous n’avons pu trouver des informations que sur quelques une de ces factions, Ahrar al-Cham et les groupes affiliés à Jabhat al-Asala wal-Tanmiya en font bien partie. Bien que non confirmé par d’autres sources, un post Facebook de février 2016 venant d’une organisation de presse spécialisée sur l’est de la Syrie mentionne qu’un Major Hussein Hamadi a été blessé dans une bataille au nord d’Alep et l’identifie comme étant un membre d’Ahrar al-Charkiya. Il est fort possible que le groupe ait été principalement constitué de combattants d’Ahrar al-Charkiya .
Malgré les affirmations d’Hamadi en septembre 2017, selon lesquelles il commandait plus d’une centaine de combattants, il est difficile de savoir si ces déclarations sont exactes. À en juger par les publications de Jaych al-Charkiya au cours de l’année et demi qui précède, leurs effectifs semblent nettement inférieurs à ceux d’Ahrar al-Charkiya. Cependant ces deux groupes ont attiré un nouveau contingent de combattants de Deir ez-Zor déplacés à la suite de l’effondrement et du retrait du bastion rebelle de l’est de Qalamoun, au nord-est de Damas.
Pendant l’opération «Rameau d’olivier», Jaych al-Charkiya a combattu sur le front de Jindires au sud-est du district, ainsi qu’au côté de la 2ème armée turque ou en utilisant des véhicules disposant de plaques d’immatriculation de la 2ème armée (voir le véhicule de transport de troupes dans la vidéo)
Dans quelques unes de leurs vidéos, on les voit utilisant de nouveaux véhicules de fabrication turque que très peu de groupes rebelles ont reçu, ce qui est un signe de leurs bonnes relations avec Ankara.
Depuis la fin de l’opération «Rameau d’olivier», Jaych al-Charkiya est resté dans la zone de Jinderes. Une vidéo diffusée en novembre 2018 montre cependant le groupe dans un camp d’entrainement à deux kilomètres situé au sud de la ville d’Afrine.
Jaych al-Charkiya n’a jamais été aussi souvent impliqué dans des controverses qu’Ahrar al-Charkiya, cependant les deux groupes semblent avoir des relations étroites.
Ils ont plusieurs fois publié des déclarations conjointes sur de nombreux sujets depuis début de 2018.
À plusieurs reprises, quand Ahrar al-Charkiya a eu de violentes disputes avec d’autres groupes rebelles, Jaych al-Charkiya les a soutenus et a joué les médiateurs. Comme beaucoup de groupes alliés à la Turquie et actifs dans la région d’Afrine et du reste du secteur nord d’Alep, les membres de Jaych al-Charkiya ont été accusés de kidnapping et de torture, comme le cas de Farah al-Din Mohammed Othman qui a été rapporté à la fois par des sources pro-opposition et pro-YPG.
Othman a été kidnappé et torturé dans les environs de Jindires, soi-disant par des combattants de Jaych al-Charkiya qui lui avaient demandé de livrer sa maison à des militants.
Le troisième groupe de l’est important et actif au nord d’Alep est Tajamo Chouhada al-Charkiya
Chouhada al-Charkiya s’est fait connaitre en novembre 2018, à la suite d’intenses affrontements avec d’autres groupes d’opposition à l’ouest de la ville d’Afrine à la suite d’une «campagne anticorruption» menée par la Turquie.
Ce groupe est une ancienne sous-faction d’Ahrar al-Charkiya, alors connue sous le nom de Katibat al-Hamza et dirigée jusqu’à aujourd’hui par un commandant dénommé Abu Khawla.
On ne sait pas clairement quand ce groupe a été formé au départ et si il a toujours fait partie d’Ahrar al-Charkiya. En juillet 2018, Chouhada al-Charkiya a lancé une attaque contre des positions du régime dans la région de al-Bab/Tadef, ce qui les a menés à être bannis d’Ahrar al-Charkiya pour « violation des ordres de commandement et agissements individuels »
Dans une déclaration ultérieure, Abou Khawla a critiqué son expulsion du territoire du «Bouclier de l’Euphrate» qui empêcherait son groupe de «poursuivre la libération de toute la Syrie… en raison des accords internationaux», en se référant aux accords entre la Turquie et la Russie.
En septembre et début octobre, Chouhada al-Charkiya s’est agrandi, en intégrant trois petits groupes de l’est dans ses rangs. Cependant, le 27 octobre 2018, Abu Khawla annonce que le groupe est dissout, ce qui a été attribué à des pressions de la Turquie, qui s’étaient maintenues à la suite de l’incident de Tadef en juillet 2018
Il ne semble pas que cette dissolution ait réellement eu lieu. Des affrontements intenses entre le groupe et d’autres rebelles ont en effet eu lieu à l’ouest de la ville d’Afrine le 18 novembre 2018, précédés par l’annonce d’un couvre-feu soutenu par la Turquie et par la campagne «anti-corruption».
Au cours de ces jours d’affrontements qui ont principalement eu lieu dans le quartier de Mahmudiyah à Afrine, l’usage d’armes lourdes a causé la destruction d’immeubles, piégeant des combattants de Chouhada al-Charkiya. Après qu’au moins 25 combattants et civils présents sur le site ont été tués, il semble que Jaysh al-Charkiya est intervenu et a facilité un accord qui garantissait aux combattants de Chouhada al-Charkiya et à leurs familles un passage sûr vers Idlib.
Après des mois d’inactivité sur les réseaux sociaux, Chouhada al-Charkiya a mis à jour sa page Facebook le 16 mai 2019, en changeant la photo de profil pour une image représentant le logo du groupe rebelle Jaych al-Ezzah, basé à Hama. A la place du nom qu’ils avaient utilisé, Tajamo Chouhada al-Charkiya , on lit sur cet emblème Liwa Chouhada al-Charkiya (« Les brigades des martyrs de l’Est »).
Le même jour le groupe a posté un document appelant les combattants à se joindre à eux immédiatement sur le front de Hama. Jaych al-Ezzah a par la suite nié que Chouhada al-Charkiya était devenu partie intégrante de son groupe.
La semaine suivante, Abu Khawla est apparu dans le nord d’Alep cherchant à recruter plus de combattants pour la bataille de Hama, malgré l’existence d’un mandat d’arrêt exceptionnel contre ce commandant rebelle. Abu Khawla a été arrêté le 27 mai par la police militaire soutenue par la Turquie à un checkpoint entre Azaz et Afrine.
La nouvelle de l’arrestation d’Abu Khawla s’est bientôt répandue au Nord de la Syrie, menant à des affrontements à de nombreux endroits entre Ahrar al-Charkiya et la police militaire soutenue par des groupes d’oppositions étrangers à Deir ez-Zor. Les membres de Chouhada al-Charkiya ont alors menacé d’abandonner leurs lignes de front et de retourner dans le nord d’Alep jusqu’à la libération d’Abu Khawla
Les développements qui ont suivi l’invasion d’Afrine, soutenue par la Turquie, ont encore démontré l’instabilité qui existe au sein de l’opposition du nord d’Alep.
Tandis que d’autres groupes plus importants ont contribué à cette discorde entre factions et aux allégations généralisées de violations des droits de l’homme, ceux qui venaient de Deir ez-Zor ont démontré leur remarquable compétence dans la création de leurs propres controverses.
Les combattants d’Ahrar al-Charkiya, les plus nombreux des trois groupes, ont affiché à plusieurs reprises un comportement violemment opportuniste et idéologiquement radical. Mais malgré ce bilan leur commandement semble entretenir de bonnes relations avec les autorités turques et leurs soutiens civils en Syrie.
En tant que faction plus petite et peut-être même plus indisciplinée, Chouhada al-Charkiya s’est attiré la colère des Turcs en s’attaquant au régime sans la permission d’Ankara et a été rapidement écarté.
Jaych al-Charkiya, qui semble avoir la relation opérationnelle la plus étroite avec la Turquie, montre encore des affinités étroites avec les deux groupes, sans doute par loyauté pour Deir ez-Zor, et a agi comme interlocuteur entre ces groupes et l’opposition soutenue par la Turquie au nord d’Alep.
La Turquie espère clairement développer un réseau de mandataires autochtones en prévision d’une future campagne anti FDS à l’est de l’Euphrate. Cependant les électrons libres rebelles de Deir ez-Zor ne montrent aucune volonté de rentrer dans le rang.
Avec l’entrée récente d’Ahrar al-Charkiya et de Jaych al-Charkiya dans la bataille d’Hama, il semble que les conceptions de la Turquie sur l’est de la Syrie ainsi que ses tentatives de désescalade ont été davantage contrariées.
Un article d’Alexander McKeever traduit par Syrie Factuel